
René Barjavel, La nuit des temps, 1968
« Je voulais que le monde entier sût combien tu étais, merveilleusement, incroyablement, inimaginablement belle. Te montrer à l’univers, le temps d’un éclair, puis m’enfermer avec toi, seul, et te regarder pendant l’éternité. »
La mort qui empêche à jamais les amis de se réconcilier – est une chose horriblement triste ! Il t’a parlé de l’inconstance de mon amitié – je lui ai fait de la peine parce que je ne l’ai pas compris… il y avait un trop grand abîme entre sa mentalité et celle dans laquelle j’avais vécu jusque là… Plus tard avec plus d’expérience de la vie, nous nous serions rapprochés j’en suis sûre – nous devions être des amis ! Seulement il y avait les premières incompréhensions à vaincre…
Au demeurant, je vais en écrire un pour vous tout exprès et nul doute qu'inspiré par une passion aussi violente et puisque c'est de vous qu'il s'agit, d'une essence aussi délicate, je n'écrive là mon livre le plus rempli de cette humanité qui est à mon gré la seule chose digne de toucher les hommes et d'être recherchée par un écrivain.
J'aurais voulu déjà écrire un poème pour vous. Il m'eût été trop personnel et n'eût dépeint que les sentiments que vous avez éveillés en moi et aussi votre grâce. Mais, en somme je ne connais rien de vous sinon que je vous trouve infiniment jolie et digne d'être aimée sans espérance de retour.
Je voudrais tout savoir de vous et je ne sais rien, sinon que vous avez été mariée et ne l'êtes plus.
Ma chérie, mon amour si grand pour toi trouve moyen de grandir encore dans l'absence et il grandira sans cesse quand nous serons l'un près de l'autre. Il est comme un grand oiseau qui planerait plus haut que les aéroplanes, il monte sans cesse, oiseau angélique, dans les sublimes régions de l'éther - pas celui de Nice qui sonnait toutes ses cloches à toute volée à tous tes sens - Et c'est plus haut que l'éther même qu'un jour, purs esprits nous nagerons éternellement unis dans l'éternelle volupté de la vie la plus forte, la plus douce, la plus tendre, après nous être aimés par tous nos sens, si aiguisés pourtant, ô ma chérie infiniment sensible et infiniment voluptueuse.
Elle brille et rayonne comme un soleil et j’ai remercié tous les aveugles avec leurs cannes blanches qui ne l’ont pas vus.
Autant vous dire qu’à partir de cet instant, non seulement j’ai une petite voix qui me rabâche : »Ne la laisse pas partir » mais j’ai été totalement subjugué, poussé comme une voile aux mille vents, un souffle colossal mêlé d’une cascade d’énergies qui s’est déployée comme un amour magistral dépassant tout entendement.
Oui je l’aime… tant par sa douceur, la beauté de son âme, son élégance mêlée à sa finesse. Par son indissociable charme conjugué à un aplomb, insoupçonné voire inavoué pourtant à elle-même. Oui je l’aime… tant par ce manque de confiance mêlé à son âme, qui fait d’elle un soleil intense et pur.
Qu’il est étrange de le voir maintenant, autrement, avec un certain détachement comme une libération, cette sensation amère, échappatoire succinct et totalement désuet qui nous fait douter momentanément…
Au fur et à mesure, avec une perception que je déclarerais d’impalpable, on se rend compte que ce que nous pensions perdu, parti voire échappé, revient en force avec un certain fracas. Car c’est à ce même moment que le cœur interagit et, finalement, ce sentiment ô combien immense et intense, décelable et perceptible pour celui qui le vit mais quasi indéfinissable pour le commun.
Car la définition même de cet amour saurait être imparfait, par manque de mot ou de poésie, revenant en pleine force attaché à son flot d’émotions.
Ce même moment où l’on se doit de faire une trêve avec soi et où on se met à « repasser » le passé comme un bon vieux film avec les bons moments et certains autres…
Un rictus en vient aux lèvres quand des images vivaces passent, entremêlées pour certaines d’odeurs ou de ressentis ; elles sont somme toute fugueuses voire fugaces car elles n’ont le don que de passer brièvement mais éternellement… elles sont marquées et ancrés en nous comme un tatouage qui prône une histoire, notre histoire.
Cet article intitulé : "Pour ELLE"a été écrit par L'IMPÉRATRICE le 2 Juillet 2020 et publié
par Virgine Artquantiel - Artisan de Lumière - Bioénergéticienne quantique - Chaman.
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